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Gilles Surrel Concepteur de Décors et Accessoiriste de Plateau

Hut’s FX, la fabrique des rêves

 
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Gilles Surrel nous accueille chez lui, souriant et chaleureux comme à son habitude. Nous sommes là pour parler de son métier de concepteur de décors et d’accessoires de plateau et découvrir les coulisses de ses créations. Nous ne le savons pas encore, mais des coulisses nous ne verrons rien. Nous ne verrons rien, mais au bout de ces deux heures d’échange, nous aurons fait une vraie rencontre et découvert l’univers hors norme d’un créateur discret et talentueux.

Gilles est une personnalité aux multiples facettes qu’il est difficile de faire rentrer dans un cadre. Il imagine et réalise avec minutie des décors et des accessoires uniques, pleins de réalisme et de fantaisie pour des lieux commerciaux mais aussi pour le cinéma. S’il cultive, comme nous allons le découvrir, une grande part de secret, sa passion est débordante et il ne peut contenir ce qui l’anime. C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il nous a fait découvrir son parcours atypique et nous a livré les clés pour comprendre son univers créatif.

Les mondes secrets d’un cinéphile passionné

Dans le salon on remarque immédiatement des tableaux aux murs, que l’on devine avoir été peints par lui. Car Gilles nous confie qu’il dessine et peint depuis toujours. Il s’est forgé un univers imaginaire qu’il couche depuis l’adolescence sur des toiles d’inspiration surréaliste. Le végétal y rencontre une faune étrange, composée de chimères, tels ces papillons qui butinent des mots imprimés sur les pages de livres ouverts, que Gilles a nommés les Papilivres. Des arbres dépourvus de feuilles donnent naissance à des nuages. C’est un monde comme inversé, qui existe en parallèle du notre, sous nos pieds et ou le temps semble s’écouler différemment.

Cet univers et ces personnages sont la source d’une trame narrative dans laquelle Gilles puise pour élaborer ses installations. Son imaginaire se nourrit aussi de films de genre devenus cultes, naviguant entre le fantastique, la science-fiction et l’heroïc-fantasy, réalisés entre la fin des années 60 et celle des années 80 et qui font désormais partie de l’inconscient collectif. Dans ce panthéon personnel il y a un point culminant : l’année 1984.

Si George Orwell, y a situé l’apogée de sa société dystopique, ce fût aussi une année particulièrement prolifique pour le cinéma américain qui a vu la sortie de films cultes tels qu’Indiana Jones et le Temple maudit, Terminator, L’Histoire sans fin, Dune, Ghostbusters, Gremlins… ils ont rejoint dans l’imaginaire de Gilles, Retour vers le Futur et bien entendu la saga Star Wars et constituent un creuset inépuisable de références esthétiques pour le créateur.

Gilles s’est aménagé il y a 20 ans un lieu secret, une cabane dans son jardin, la fameuse « Hut» qui est à l’origine du nom de sa société, Hut’s FX, dans laquelle il abrite ses sources d’inspiration, dessins, objets et créations en cours. Il est le seul à y avoir accès, comme si le fait de l’ouvrir à d’autres faisait perdre leur pouvoir inspirationnel aux objets qu’elle abrite. Mais cette maisonnette est aussi la matérialisation symbolique des créations de son inconscient, une part trop intime qu’il lui faut protéger.

De l’arsenal de Toulon aux plateaux de tournage

Gilles a commencé sa vie professionnelle à l’arsenal de Toulon en électromécanique. Riche d'une expérience de 12 ans dans l’aéronautique pendant lesquels il réalise des tableaux de bord d’avions, puis se spécialise dans les matériaux composites, notamment les nez d’avion, Gilles capitalise désormais sur toutes ces techniques de fabrication qu’il a acquises au cours de cette expérience et les met en œuvre dans ses réalisations.

Il décide en 2016 de quitter l’arsenal, car sa voie est ailleurs. Depuis l’enfance, où il fabrique son premier proton pack à 9 ans inspiré par le film d’Ivan Reitman, Ghostbusters, il recrée des objets chimériques, issus des films qui le fascinent. En parallèle de son travail, Il commence à fabriquer des accessoires pour des cosplayers. Encouragé par sa femme, il saute le pas et lance son entreprise Hut’s FX pour enfin accomplir son rêve de travailler pour le cinéma.

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Tromper l’œil et créer une vraisemblance cinématographique

Gilles s’est immédiatement diversifié dans son approche et a développé des projets pour des commerces, des restaurants mais aussi des escape games et désormais le cinéma. Ce qu’il aime c’est dessiner et réaliser. Il ne passe pas par la conception informatique en 3D, mais crée des maquettes de ses projets car il dit avoir besoin de manipuler la matière.

Pour la chambre d’hôtes, Les Mas du Cap Brun, il a imaginé une salle de billard qui aurait parfaitement trouvé sa place dans la caserne de pompiers qui sert de quartier général aux Ghostbusters. A Six Four pour l’escape game Aenigma il a construit un temple Maya ainsi qu’une station spatiale flottant en orbite autour de la terre. Pour l’Imperial Baker Street Escape Game à Aix les Milles, inspiré par l’univers de Sherlock Holmes, il a recréé le repaire de Moriarty dans un autobus à impériale, à l’ambiance steam punk, combinant éléments décoratifs victoriens et accessoires scientifiques, incluant une momie. A Dijon, pour l’Arcanium c’est une navette spatiale avec salle de contrôle qu’il a réalisée et pour la Clé du temps à Hyères, le terrifiant repaire d’un serial killer.

Les créations de Gilles naissent d’un véritable échange avec ses clients. A l’écoute des demandes de chacun, il arrive à insuffler son imaginaire dans ses créations tout en donnant vie aux rêves des clients. A à La Seyne sur mer ou il a récemment installé avec l’entreprise Makes Projects, une de ses dernières réalisations pour la librairie Charlemagne située dans un ancien cinéma, il a demandé aux salariés quels étaient leurs films préférés et a glissé dans sa création des références à ces œuvres cinématographiques.

Travailler pour le cinéma est un rêve qui s’est désormais concrétisé pour Gilles qui avait déjà réalisé il y a quelques temps des accessoires pour le film documentaire d’Alain Vezina, « Dans le sillage du Titanic ». Il a participé au tournage d’un court métrage, d’une publicité et d’un long métrage de fiction cet été pour lequel il a entièrement recrée une capsule spatiale. Il a aussi pour projet de réaliser un court métrage, dont il a écrit le scénario adapté d’une nouvelle de l’écrivain américain Ambrose Bierce.

Il se documente énormément pour asseoir la vraisemblance de ses créations et se forme aussi en permanence à de nouvelles techniques pour en augmenter le réalisme. Il s’est fait une spécialité du travail sur les textures et créé notamment un faux métal plus vrai que nature, réalisé en matériaux composites. En effet, Gilles travaille beaucoup avec de la résine, du silicone, des mousses, qu’il source dans une filière durable et responsable afin de limiter l’impact de ses créations sur l’environnement.

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Matériaux durables et conscience écologique

Gilles dont l’univers imaginaire est peuplé d’une nature vivante et incarnée, s’est orienté depuis longtemps vers une démarche plus respectueuse de l’environnement. Sa cabane et son atelier sont autonomes grâce à des panneaux solaires et il utilise des matériaux recyclés et recyclables. Il travaille avec des produits sans styrène, n’utilise que de l’acrylique pour ses peintures et fait en ce moment des essais avec des résines bio. Il a trouvé des produits anti-feu propres aux États-Unis et s’est équipé d’outils électroportatifs tous rechargeable en solaire.

Dream big!

En admirateur absolu de Steven Spielberg il nous confie son rêve de travailler sur un tournage de son maître, lui qui a un jour déclaré « I dont dream at night, I dream all day; I dream for a living* ». C’est tout ce qu’on l’on souhaite à Gilles, qui a d’ores et déjà transformé ses rêves en réalités.

*”Je ne rêve pas la nuit, je rêve à longueur de journées; je gagne ma vie en rêvant.”