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Faustine Bochu & Julie Hermet Engagées contre le gaspillage alimentaire

L’Econome : Halte au gaspi alimentaire!

 
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Alors qu’en France 5,5 millions de personnes bénéficiaient déjà de l’aide alimentaire, à la faveur de la crise sanitaire la faim gagne encore du terrain.

Parallèlement des quantités phénoménales d’aliments sont gaspillées chaque année ; 10 millions de tonnes en France l’an dernier, dont plus de trois millions de tonnes juste dans la phase de culture et production.

Ces constats poussent certains à s’engager afin que cette détresse humaine ne reste pas une fatalité statistique supplémentaire. Ainsi Julie Hermet et Faustine Bochu s’investissent en associant lutte contre le gaspillage, développement local, redistribution aux associations mais aussi transformation et éducation auprès d’un public varié. Rencontre avec des femmes engagées chez Patrick Chiapale, un des exploitants agricoles adhérant de l’association.

S’engager pour une économie solidaire et locale

C’est à Belgentier que l’association l’Économe a vu le jour il y a maintenant trois ans, collectant dans un premier temps les fruits et les légumes invendus en fin de marché auprès de producteurs, afin de les redistribuer à des associations d’aide alimentaire.

 Elle est née dans l’esprit de Julie, rejointe par Faustine, désormais présidente de l’association, comme une possibilité de proposer aux plus démunis, bénéficiant de l’aide alimentaire, des fruits et légumes frais locaux dans une région ou agriculture et maraichage sont une longue tradition, mais aussi de lutter et de sensibiliser contre le gaspillage de ces produits.

 Julie Hermet, titulaire d’une Licence d’économie et d’un Master 1 en Économie Sociale et Solidaire et Faustine Bochu formée en Gestion Hôtelière et spécialisée dans l’organisation d’évènements, travaillent en parfaite complémentarité pour construire une alliance entre les producteurs, les associations et le public, tournée vers la lutte contre le gaspillage mais aussi le plaisir retrouvé de manger des produits frais et sains, cultivés localement. Un circuit économique court, solidaire et durable ou chaque acteur se sent engagé.

 

Collecter les fruits et légumes locaux invendus

Julie et Faustine, sont accompagnées de 5 à 7 bénévoles qui les aident à récupérer entre 20 et 50 kilos de fruits et légumes, initialement destinés à être jetés

Parcourant les marchés de Garréoult et de Solliès-Pont deux fois par semaine, Julie et Faustine, sont accompagnées de 5 à 7 bénévoles qui les aident à récupérer entre 20 et 50 kilos de fruits et légumes, initialement destinés à être jetés car trop murs, trop abimés, trop petits, trop gros, bref qui ne sont pas assez beaux mais qui sont toujours aussi bons.

Lorsque les quantités sont plus importantes, elles se rendent directement chez les exploitants locaux adhérents.

Valoriser toute la production des agriculteurs et maraichers

Depuis 35 ans que ses parents vendent leurs produits sur les marchés, ils ont trouvé grâce à cette participation à l’Économe, un moyen de valoriser la partie de leur production invendue qui jusqu’alors était recyclé en compost.

Ils sont 14 cultivateurs à avoir adhéré au projet dans la région, à l’instar de Patrick Chiapale qui aide ses parents agriculteurs à la retraite, à maintenir une activité individuelle et à vendre leurs produits sur le marché de Solliès-Pont. C’est là que la rencontre avec l’Économe a eu lieu.

Patrick nous explique que sur cette exploitation d’1,2 hectares le chimique n’a plus droit de cité, même si ses parents n’ont pas cherché à obtenir le label bio, la transition s’est faite naturellement. La bouillie bordelaise est encore utilisée, associée à des purins végétaux, d’ortie ou de prêle, faits maison. Il nous dit sa joie d’avoir vu réapparaitre les insectes pollinisateurs. Pour lui cet engagement auprès de l’Économe a du sens. Depuis 35 ans que ses parents vendent leurs produits sur les marchés, ils ont trouvé grâce à cette participation à l’Économe, un moyen de valoriser la partie de leur production invendue qui jusqu’alors était recyclé en compost.

Redistribuer les fruits et légumes frais collectés aux plus démunis

La collecte est, dans sa majeure partie (plus de 50%), redistribuée à des associations caritatives locales aidant les personnes bénéficiant de l’aide alimentaire. Ainsi, la Banque Alimentaire de la Garde, qui sert jusqu’à 7000 personnes par jour, est partenaire de l’association, ainsi que le Secours Populaire de Solliès-Pont.

Cette action permet à l’Économe de s’inscrire dans une démarche économique positive et aussi de sensibiliser le public à une alimentation locale, durable et saine.

Transformer les fruits abimés en confitures

L’idée de transformer le reste de la collecte prolonge cet engagement en permettant la confection de confitures avec les fruits et légumes trop murs pour être consommés frais.

Une réflexion collective s’élabore avec les bénévoles en fonction du contenu des collectes pour créer des recettes originales. Les abricots de l’été se marient à la verveine et à la lavande, les melons au combava et aux pêches. Les poires et le raisin de l’automne prennent une saveur exotique alliés à des bananes recueillies grâce au partenariat noué avec la société Elior.

L’entreprise de restauration collective, via son service auprès des cantines scolaires de La Crau, redistribue en effet dans le réseau associatif d’aide alimentaire les fruits et légumes non consommés. La fermeture des établissements scolaires pendant le premier confinement a été l’occasion pour Elior de redistribuer deux tonnes de produits frais.

Pour la confection des confitures, après avoir cuisiné leurs conserves dans les locaux de l’Âge d’Or à Belgentier, l’association bénéficie désormais de l’aide de l’Auberge de la Tuilière à Carnoules qui met à disposition ses cuisines en échange de bocaux.

Créer une conserverie Itinérante

Toutes les matières premières utilisées sont locales, le sucre vient par exemple de Géménos. Les bocaux en verre sont consignés, en accord avec la démarche durable de l’association.

Julie et Faustine réfléchissent actuellement à étendre le projet à des conserves salées, afin de pouvoir aussi transformer les légumes collectés. Pour cela elles ont dans l’idée de créer une conserverie ambulante dans un camion, qui leur permettrait aussi de transformer directement chez les exploitants pour valoriser une plus grande partie de leur production et réduire encore le gaspillage.

Une distribution locale en circuit court

Les confitures sont distribuées sans intermédiaires sur les marchés de Pierrefeu et La Valette et chez des partenaires locaux, tel le Vival de Belgentier, l’épicerie représentant cultivateurs et artisans locaux Flour de Camin à Carnoules, l’association Terre de Partage à Pierrefeu, l’épicerie bio collaborative La Cerise sur le Gapeau à La Farlède, l’épicerie itinérante Que du Bionheur, mais aussi dans le bel espace de cotravail situé au centre-ville de Hyères, La Belle Place.

L’Économe met en place de nombreuses animations, que ce soit dans le cadre de l’école ou au cours d’évènements associatifs, à mis au point un programme d’éveil aux cinq sens destinés aux plus jeunes qui se voient décerner un petit diplôme à la fin d’un parcours d’une semaine autour de la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Sensibiliser au gaspillage alimentaire par des actions conviviales et éducatives

Julie et Faustine ont également crée un une bicyclette à jus, objet ludo éducatif, sur lequel on pédale pour mettre en marche un mixeur, créant ainsi son propre smoothie grâce à une énergie totalement alternative.

Depuis son arrivée dans l’association en 2018 Faustine coordonne aussi une activité de traiteur, organisant des buffets totalement végétaux et « anti-gaspi » réalisés à partir de produits collectés. Même le pain sec est transformé en pâtisseries fraiches, des sirops sont concoctés à partir d’épluchures de fruits.

Julie, qui validera bientôt la deuxième phase de son Master, est désormais salarié à temps plein et les deux jeunes femmes espèrent créer un second poste cette année.

Retrouvez l’Econome :

Le mardi Sur le marché de Garéoult 83160 Le mercredi Sur le marché de Solliès-Pont 83210